Marie Hélène Vallade-Huet

9ème Biennale d'Art Sacré Actuel 2013
Fragiles

Confluences - Polycarpe, Lyon


Le parfum de la terre

Parce que mes personnages de glaise expriment presque toujours une certaine fragilité, mêlée de dignité et de gravité, cette thématique me touche particulièrement.
La fragilité me parle de notre humanité, de notre condition d'humains, animée par le Souffle. Me revient en mémoire ce chant-prière :

Comme un souffle fragile
Ta parole se donne
Comme un vase d'argile
Ton amour nous façonne…

Le parfum de la terre
Fille : 80 x 30 x 26 cm
Garçon assis : 54 x 46 x 45 cm
Petit garçon debout : 72 x 30 x 20 cm

Je me suis tournée vers les enfants, parce qu'ils sont vulnérables, mais forts de leur devenir. «…  Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves.  », pressent K. Gibran, le poète.
J'ai modelé trois enfants, dans des postures de majesté, habillés de tuniques blanches élimées par leurs jeux faits de quelques cailloux. Ils ne possèdent rien mais sont riches de leur souveraineté de fils et de filles, appartenant à la communauté des Hommes.
Je me suis inspirée des enfants KOGIS, ce peuple racine qui survit depuis des siècles dans la Sierra de Colombie, entre les narco trafiquants et les F.A.R.C.S. Une communauté fragile, sans armes ni argent, une communauté forte de sa connaissance, de son intelligence pour vivre ensemble dans une grande harmonie avec le Vivant.

Le parfum de la terre, portraits

Le parfum de la terre, portraits
Le parfum de la terre, portrait enfant

Le parfum de la terre, portrait enfant
72 x 30 x 20 cm

A regarder ces enfants, il m'apparait comme une évidence que la fragilité côtoie la force. Qu'elles sont sœurs. Car nous puisons nos forces au cœur même de nos fragilités.
La négation de notre fragilité nous conduirait à la toute-puissance mortifère, celle qui rigidifie, emprisonne, fossilise, sous l'emprise de la convoitise et de la peur. Je regarde alors nos sociétés cadenassées par des logiques procédurières, marchandes, technocratiques, financières. Comme asphyxiées. Sociétés qui se pensent fortes mais si fragiles au fond.
« Cette modernité qui est la nôtre… nous l'avons construite dans le prolongement de cette idée folle que nous devions nous extraire du vivant pour le dominer. Pourtant, l'homme est un être éminemment religieux, au sens premier de religare - relier en latin… » (Eric Julien. KOGIS, le message des derniers hommes)

Je reviens vers les paroles de G. Bécaud :

Ta Parole est partage
Comme on coupe du pain
Ta Parole est passage
Qui nous dit un chemin.

Une autre logique se dessine : celle de l'amour, de la liberté offerte, d'un chemin ouvert, apparemment fragile, mais plus vrai.

www.confluences-polycarpe.org


Art sacré, premières œuvres

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